Prototypage d’une revue

La démarche du projet ayant conduit à cette revue englobe l’ensemble des actions réalisées par les équipes, ayant pour objectif commun de répondre aux besoins exprimés. De l’idée de départ, jusqu’à la livraison finale de la revue, cette démarche se définit par un ensemble d’étapes qui nous ont permis de suivre une direction logique et de structurer les processus d’étapes de manière cohérente. Cette structuration a permis à l’ensemble des membres de définir des objectifs précis, des actions à entreprendre et des ressources à utiliser pour les atteindre.

Ce projet s’est déroulé dans le cadre des rencontres Reticulum. Ces évènements annuels réunissent des chercheurs et des praticiens, et offrent un lieu et un temps pour interroger le paradigme réticulaire et les concepts afférents. L’évènement se veut accessible aux étudiants de master, aux doctorants et aux chercheurs de toutes disciplines, c’est pourquoi les intervenants tentent de toujours y proposer un contenu vulgarisé.

La troisième édition de Reticulum porte sur les transformations liées au paradigme réticulaire, qui bousculent nos modes de pensée ainsi que nos pratiques, notamment en sciences de l’information et de la communication mais également en design. Nous nous inscrivons dans cette problématique et nous interrogeons ici ces transformations afin de porter un regard critique à la fois sur les techniques de la réticularisation numérique et sur ses apports. La prise en main de ces techniques ouvre des potentialités multiples, qui s’intègrent au sein des processus de conception, de production, de documentation et d’éditorialisation dans leur globalité, présentés dans cette revue.

L’organisation

D’un point de vue organisationnel, la construction de ce projet a pris la forme d’un atelier axé sur une approche collaborative interrelationnelle mettant en lien deux domaines spécifiques : le design et les humanités numériques. Notre objectif consistait à démontrer les interrelations entre le design et la documentation, afin d’ancrer le rôle essentiel du design dans les pratiques documentaires et à mesurer l’importance de la documentation et de la publication dans un projet de design.

Nous, étudiants en Master DIIS et en Master DNHD, avons collaboré sur un temps court, pour exposer l’approche réflexive du projet en design, la production de contenus, leur architecture et leur publication. Nous avons répondu à l’enjeu organisationnel de ce projet par la combinaison entre le faire et le savoir, afin que la théorie s’insère dans la pratique et inversement ; on parle de « pouvoir-faire » et de « savoir-faire » (Harmand, Perret, 2019). Les notions de processus de conception, de production, de documentation et d’éditorialisation citées dans cette revue sont intrinsèquement liées entre elles et constituent le socle du projet, avec l’impératif de nous affranchir de certaines contraintes organisationnelles et systémiques potentiellement fermées.

« À l’origine de la vie, il s’est créé une sorte de boucle, une sorte de machinerie naturelle qui revient sur elle-même et qui produit des éléments toujours plus divers qui vont créer un être complexe qui sera vivant. Le monde lui-même s’est autoproduit de façon très mystérieuse. La connaissance doit avoir aujourd’hui des instruments, des concepts fondamentaux qui permettront de relier. » (Morin, 1995)

Démarche de conception de la revue

L’objectif de l’atelier Reticulum était la production d’un prototype de revue hybride papier et web portant sur les pratiques réticulaires en design, mobilisant des techniques propres au numérique mais aussi des concepts cruciaux de la culture du design, afin de rendre compte des potentialités du réseau dans ses pratiques.

Pour ce faire, nous avons adopté un regard réflexif sur nos projets antérieurs afin de partager des savoirs à travers la revue. Nous tentons de répondre plus spécifiquement à deux thématiques : la première est orientée sur les processus de conception et de production via une approche design ; l’autre porte sur les possibilités d’architecture et d’éditorialisation en suivant une approche documentaire. Une mise à niveau technique et conceptuelle préalable nous a permis de produire une publication basée sur les notions de design systémique, outillée par des techniques numériques et réticulaires. La démarche de conception de cette revue repose en effet sur une chaîne d’édition hybride, nous permettant de produire un double livrable, numérique et imprimable.

La collaboration inter équipe

En tant qu’acteurs de la conception de la revue, nous avons élaboré des stratégies, afin de mettre en œuvre les projets numériques et papier, de leur conception à leur diffusion. Notre travail a pleinement incarné les notions d’interaction, de mise en lien, et d’interopérabilité. En vue de réaliser le projet, plusieurs directions et comités de pilotage ont été créés, avec pour chacun d’eux des missions, des rôles et des responsabilités spécifiques inhérents au projet. La collaboration entre ces équipes était primordiale afin de créer une cohérence et une dynamique de travail optimale.

La direction éditoriale comportait trois aspects essentiels : ancrer une direction, créer une dynamique d’écriture et ajuster les contenus à l’objectif final. Il fallait en parallèle identifier les sujets sur lesquels s’exprimer et produire des contenus pertinents. Il a été nécessaire de faire des choix dans la définition et la sélection des projets, pour optimiser la gestion des contenus. La ligne éditoriale a donc permis de garantir une approche réflexive sur les sujets choisis.

La direction artistique s’est occupé de la création du design graphique, d’implémenter les possibilités de mise en page, qu’elles concernent le papier ou l’écran, et démontrer ainsi les performances graphiques d’affichage et les diverses possibilités d’impression.

La direction support était chargée de l’aspect technique de l’hybridité, notamment l’impression de la revue. Sa mission était de donner sens aux modalités d’interaction entre le support papier et le numérique, y compris ses faisabilités techniques et budgétaires.

Le chargé de projet quant à lui a eu un rôle déterminant car il était chargé de superviser, coordonner et préparer la réalisation et l’édition des publications. Selon la politique des différentes équipes, il a mis à disposition des outils de gestion et de coordination. Le chargé de projet peut être perçu comme un chef d’orchestre, naviguant entre les différentes équipes, ce qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble du projet pour mieux le superviser.

Les transmissions de connaissances inter-équipes ont offert un cadre qui a aidé à organiser les connaissances au fur et à mesure de leur acquisition, et facilité leur transmission. Ceci a permis de mieux situer et hiérarchiser les éléments du contenu de la revue.

#211

Les ressources (compétences développées, outils utilisés)

L’atelier Reticulum a fait ressortir le rôle déterminant que jouent les outils dans le perfectionnement de nos capacités d’exploration et d’enquête, ainsi que l’intelligibilité et la communicabilité de nos productions. L’appropriation de ces outils et la construction de ceux-ci sont déterminants pour le développement de notre culture technique.

Dans la conception d’une revue, le raisonnement visuel est un élément essentiel de la pensée créative. En effet, notre mémoire garde en elle différentes idées, formes, couleurs. Pour exploiter ces morceaux de connaissances, nous interagissons en continu avec des visualisations externes imprécises, permettant de prendre des décisions pour créer de nouvelles entités, de nouvelles pratiques et à les transformer pour les adapter à de nouveaux contextes. L’atelier Reticulum visait aussi à tirer profit de l’impossibilité de « faire groupe » physiquement, en temps de pandémie, pour nous faire évoluer sur des compétences techniques en apprentissage autonome.

Le design de service frayant le plus souvent avec les techniques numériques, ces savoir-faire ont été des acquis que nous pourrons ré-exploiter à l’avenir. Cet apprentissage des outils du réseau renforce donc notre culture technique, en tant qu’apprentis designers, pour une meilleure conscience et capacité d’action sur le milieu numérique environnant.

Bibliographie