Éditorial

Parce qu’il est mobilisé pour répondre à des problématiques sociétales complexes, le design contemporain est insécable d’une approche systémique du projet. Cette approche holistique est exploitée voire prolongée par le design numérique, qui tire parti du paradigme du réseau pour inventer de nouvelles manières de penser et de faire. Mais derrière cette production de connaissances et d’objets se profile un second enjeu : celui de diffuser, partager et valoriser ce que les techniques numériques inventent. C’est pourquoi design et documentation ont à dialoguer et à collaborer sur un mode interdisciplinaire.

Initié en 2018, le cycle de conférences Reticulum cherche à attiser cette réflexion épistémologique fertile aux deux disciplines. L’objet de ces rencontres interdisciplinaires est d’explorer les potentialités du réseau pour forger des concepts opératoires, c’est-à-dire exploitables dans le design, la documentation et leurs recherches.

En janvier 2021, nous – étudiants du Master DIIS (design) et du Master DNHD (humanités digitales) – avons participé à un atelier de formation par la recherche organisé par l’équipe de Reticulum, en mixte présentiel-distanciel. Correspondant à la thématique de la troisième édition « Faire-savoir et pouvoir-faire », notre objectif était de produire en une semaine une revue web+print : les contenus sont accessibles en ligne mais également imprimables ; réciproquement la version imprimée renvoie au contenu en ligne lorsque le support papier trouve ses limites.

#111

L’atelier a donc nécessité un travail de fond sur les notions de multisupport et d’hybridité, mais pas seulement. Cette revue explore les concepts du paradigme réticulaire et son prototype repose lui-même sur l’interconnexion d’outils numériques (GitHub, HackMD, Hugo, Netlify, PagedJS). Cet agencement illustre le rôle déterminant des outils du réseau dans le travail d’enquête et de conception du design mais aussi dans la publication de ses résultats.

Cette revue témoigne donc d’un travail sur le réseau, par le réseau ; elle résulte de l’apprentissage simultané de techniques numériques et des concepts du paradigme réticulaire ; elle tire parti des profils variés des étudiants impliqués (issus du design mais aussi de domaines littéraires, techniques, artistiques).

Au fil des articles, le paradigme réticulaire est traité sous différents prismes. La première partie établit le contexte du design et du développement de cette revue, en développant notamment les concepts relatifs au réseau. La seconde partie expose la démarche de prototypage de la revue et explore le rapport entre « hyper » et « réseau ». La troisième partie constitue une approche réflexive et critique de projets effectués au sein du Master DIIS. La quatrième et dernière partie restitue le vécu du confinement par les étudiants ayant participé au projet, avec un regard particulier sur leur travail collaboratif.

#112